Résumé

L'objectif de ce cours est de comprendre les spécificités de la méthode de conception de document avec Scenari, et ses implications.

Pour créer un contenu avec Scenari, on saisit les informations dans son éditeur structuré. Ensuite, on lance une opération de génération, pour obtenir le résultat sur différents supports, ici les supports web et papier.

Fondamental

Nous allons voir que par le concept de l'édition structurée, Scenari va se distinguer des autres outils. Même si dans d'autres solutions il est possible d'utiliser des styles ou des classes, le caractère obligatoire de la structuration dans Scenari demande plus d'efforts de l'auteur, mais apporte plus de possibilités.

Concepts

Commençons par positionner les principaux concepts, puisque dans ce cours, vous allez entendre parler, parfois de chaines éditoriales, parfois de Scenari, parfois d'un modèle.

  • Une chaîne éditoriale est un procédé de production de documents structurés. Par exemple, dans le monde de l'édition, pour préparer un magazine, des auteurs vont rédiger des articles, qui vont être édités et corrigés par l'éditeur et mis en page par un maquettiste. Ce procédé permet de partir de l'écriture pour arriver jusqu'au document publié, en plusieurs étapes, avec plusieurs corps de métiers impliqués.

  • Scenari est un ensemble de logiciels libres pour concevoir et exploiter des chaînes éditoriales. On passe du concept à sa mise en œuvre logicielle. Scenari est un ensemble d'outils qui permet de réaliser cette mise en œuvre, en automatisant une partie du processus, pour rendre plus facile d'accès un processus de production de type chaînes éditoriales.

  • Différents modèles Scenari permettent de gérer différents types de documents. En fonction de vos objectifs, vos documents vont avoir une structuration différente, une apparence différente. Par exemple, dans le modèle Opale dédié à la création de contenus de cours, on va proposer à l'auteur de rentrer des objectifs pédagogiques, de proposer des exercices interactifs... On ne rencontrera pas cette possibilité dans d'autres modèles qui répondent à d'autres pratiques (par exemple, pour faire de la documentation logicielle ou des flux multimédia). Un modèle n'est pas qu'une simple charte graphique, il est important de choisir le modèle adapté en début d'un projet, qui se positionne bien sur le métier ou les pratiques ciblées.

Exemple

Dans l'éditeur Scenari, la séparation fond-forme est poussée au maximum. Par exemple, vous ne trouverez pas de bouton « gras », « italique », « souligné ». Par contre, vous aurez accès à différents niveaux de marquage sémantique. Par exemple, dans un contenu Opale vous pouvez spécifier qu'un mot dans votre texte est important, ou qu'un bloc de texte fait parti de notions fondamentales d'un cours. En tant qu'auteur, vous n'exprimez pas une mise en forme, mais plutôt votre intention pédagogique, et ce sera à Scenari et à la charte graphique choisie dans votre modèle Opale de transformer votre intention pédagogique en représentation de cette intention. Par exemple, dans la charte graphique par défaut d'Opale, un mot important se retrouvera en gras, mais il peut aussi être en couleur sur le support web pour être mis en valeur. Un bloc de texte pourra faire l'objet d'un encadré, pour correspondre à certaines intentions pédagogiques.

Penser écriture structurée, c'est une des plus grandes difficultés lorsque l'on commence avec Scenari, il faut faire attention à éviter les détournements d'usages, et à ne pas systématiser des logiques de réflexions qui basent l'intégration dans Opale uniquement en fonction de la forme du document. Par exemple, si je souhaite réécrire un document bureautique dans Opale, et que celui-ci contient une ligne en gras, pour l'intégrer dans Scenari il ne faut pas que je limite ma réflexion à « gras = marquage important dans Scenari », car peut être qu'il y a d'autres éléments plus adaptés : le mot en gras est-il un titre ? Une définition ? Il faut toujours repartir d'un rôle sémantique plutôt que de la forme pour choisir les éléments de structuration que vous utiliserez dans Scenari pour écrire votre contenu.

Voici un récapitulatif des caractéristiques d'une chaîne éditoriale Scenari. Si on retirait un seul de ses éléments, nous ne serions pas dans la même situation.

Les exigences de rédaction structurée dans Scenari ne sont pas imposées juste par plaisir de faire souffrir les auteurs. Elles apportent de réels bénéfices avec un plus grand potentiel pour exploiter les contenus créés.

  • Multi-support : Le multi-support vous permet à partir d'une seule source de contenu, de générer plusieurs déclinaisons du contenu pour différents supports (web, papier, diaporama, formats spécifiques...). Cela représente un gain d'efficacité, au moment de la création initiale du contenu, mais surtout au moment de sa maintenance, puisque vous n'avez plus à appliquer les mêmes modifications dans plusieurs documents différents.

    Les particularités et les points forts de chaque support vont être respectés, par exemple, si vous créez un QCM, il sera intégré à la génération web en tant qu'exercice interactif, et en publication papier en tant qu'exercice à compléter sur feuille, avec éventuellement des corrigés en fin de documents.

  • Homogénéité : Sans faire un travail de graphiste, vous obtenez automatiquement un document avec une mise en forme d'aspect raisonnablement professionnel. Vous pouvez appliquer cette même apparence à tous vos modules. Ainsi, vous obtiendrez un rendu homogène même si vous travaillez avec plusieurs collègues. L'écriture structurée apporte aussi de l'homogénéité : par exemple le choix dans un jeu de balises d'intentionnalité.

  • Réutilisation : Scenari apporte la possibilité de fragmenter le contenu et de réutiliser les fragments dans des documents différents, avec là encore une source unique de contenu.

  • Logiciel libre : Vous pouvez l'installer gratuitement sur autant d'ordinateurs que vous le souhaitez et l'utiliser comme bon vous semble, voir même l'adapter à vos besoins.

Remarque

L'intérêt de Scenari dépend du contexte. Le contexte projet va apporter assez naturellement des moyens, des enjeux, des besoins qui vont converger avec les avantages de Scenari précédemment mentionnés, et surtout une possibilité de reconnaissance institutionnelle de ce besoin. On ne retrouve pas toujours ces préoccupations dans les cas d'usages isolés.

Par exemple, un groupe de personnes reçoit l'ordre de leur responsable de concevoir une formation à distance, avec un gros volume de contenus pédagogiques à intégrer dans Scenari, et du temps réservé à cette mission. Dans cette situation, on est dans un contexte projet qui offre des moyens pour favoriser la réussite du projet, et des enjeux qui nécessitent un contenu de qualité.

Pour proposer un exemple inverse, il peut s'agir d'un enseignant qui se pose seul et hors de tout contexte projet, la question de rédiger ses propres supports de cours avec Scenari. Il peut avoir beaucoup de temps à consacrer à l'enseignement dans lequel ses qualités de pédagogue et d'animateur sont plus importantes que son support de cours, en plus de ses activités de recherche. Il peut lui être difficile de justifier le temps nécessaire à se plonger dans la prise en main de Scenari et préparer de nouveaux supports. Qu'il le fasse ou non, il ne sera pas récompensé ou sanctionné par l'établissement. Certains enseignants dans cette situation vont quand même s'emparer de Scenari par leur motivation personnelle, mais ce n'est pas le contexte le plus évident pour bénéficier de tous les avantages de Scenari.