Enjeu : Collaboratif et éditorial
Le projet se positionne à l'intersection de deux révolutions - technologiques et d'usages - centrales dans le contexte des mutations documentaires liées à l'avènement du numérique.
La première de ces révolutions est celle de la chaîne éditoriale, initiée au début des années 80 au sein des entreprises ayant de forts enjeux de documentations techniques (aéronautique par exemple), et démocratisée par le standard XML d'une part et des outils qui permettent un accès facilité aux technologies d'autre part. Cette révolution permet de pousser la puissance éditoriale du document numérique et de dépasser les pratiques bureautiques : multi-supports[1], réutilisation sans recopie[2], rééditorialisation[3], intégration multimédia[4], etc.
La seconde de ces révolutions est celle du documentaire collaboratif, développé dès les années 80 à travers la GED, prolongé dans les années 90 par les CMS Web, et consacré au milieu des années 2000 par l'ECM en entreprise d'une part, et les usages grand public dit "Web 2.0" d'autre part. La force de ces nouveaux usages est avant tout la démocratisation des outils de création et de diffusion : chacun peut facilement écrire numérique et mettre en ligne. Elle est également vecteur d'une interrogation intéressante sur les acteurs et les pratiques : les frontières classiques entre auteurs, lecteurs, éditeurs, rédacteurs ou contributeurs tendent à se reconfigurer.
L'enjeu du projet repose sur l'idée qu'il y a un intérêt très fort à faire cohabiter les avantages de la chaîne éditoriale et ceux des outils documentaires collaboratifs.
L'objectif est celui d'une technologie permettant à la fois la réalisation d'une documentation très qualitative, respectant les exigences de contextes professionnels pour lesquels le document a une valeur essentielle (documentation technique, formation, etc.) ; et des usages collaboratifs permettant à des communautés de s'organiser autour de cycles innovants de gestion de l'information : production, maintenance, qualification, diffusion, etc.
Les questions posées sont :
technologiques : comment intégrer des systèmes techniques fondés sur des paradigmes différents a priori, sur des visions différentes de ce qu'est un document (une construction calculée pour les chaînes éditoriales, une boîte noire associée à des méta-données pour les ECM) ? ...
et scientifiques : comment penser ensembles logiques et contraintes éditoriales et collaboratives ? comment conserver une autorité sans auteur, une édition sans éditeur ? quel statut documentaire conférer à la production dynamique d'une communauté ? ...