L’enjeu du projet EPICURE est de rendre accessible à tous les acteurs produisant des contenus multimédia utilitaires le procédé documentaire de la chaîne éditoriale. Un tel procédé permettra à ces acteurs d’accéder à une production et une gestion rationalisée des contenus.

Les outils artisanaux L’état de l’art de la production de contenus utilitaire repose essentiellement sur les outils bureautique (traitements de texte, présentation assistée par ordinateurs, etc.) ou semi professionnels (création HTML, montage vidéo, etc.). Ces outils s’inscrivent dans une logique de production « artisanale » des contenus, par opposition à une approche « industrialisée ». Une approche artisanale est adaptée à une logique que nous appellerons de « l’œuvre unique », ayant pour objectif une production originale dans la structure du fonds et une publication originale dans sa forme. Une telle approche est donc par essence non reproductible. Dès que la production documentaire répond à une logique de production en série (plusieurs contenus ayant des mises en formes communes), comme par exemple la publication de livres, cette la logique artisanale devient inefficiente car d’une part elle impose de reproduire manuellement des procédure de mise en forme pour chaque contenu (donc les travaux de publication sont proportionnels au contenu) ; et d’autre part elle rend la gestion du fonds documentaire complexe (donc les travaux de maintenance sont proportionnels au contenu).   Les chaînes éditoriales La chaîne éditoriale, alternative à ces outils « artisanaux », permet de mettre en œuvre une approche « industrialisée » de la production, et ainsi d’accéder aux propriétés de structuration (production guidée et contrainte par des formulaires), durabilité (séparation des formats de stockage pérennes et formats de publication lisibles) et multi-supports (le contenu produit et structuré une fois et publié automatiquement sur plusieurs supports de lecture). Si les outils artisanaux dans la logique de l’œuvre unique répondent bien aux problématiques des contenus personnels et artistiques, ils sont en revanche moins adaptés que les procédés industriels des chaînes éditoriales aux problématiques des contenus utilitaires.   Problématique Les outils « artisanaux » sont néanmoins systématiquement utilisés, même pour les contenus utilitaires, car leur souplesse, en opposition à l’investissement nécessaire à la mise en place de chaînes éditoriales, permet une appropriation facile pour les utilisateurs. Les outils « artisanaux » permettent donc d’obtenir avec très peu d’investissement un résultat, en apparence acceptable puisque conforme à l’état de l’art des pratiques, là où la chaîne éditoriale permettrait d’obtenir un résultat très supérieur (en terme de cohérence, de qualité standard garantie, de maintenance, etc.), mais nécessitant un investissement préalable significatif. Cet investissement correspond à la configuration des modèles, outils de production et moteurs de publication au contexte. Ainsi les chaînes éditoriales sont utilisées avec succès dans les contextes de massification, c’est à dire concernant des productions volumineuses de contenu. La massification permet donc de rentabiliser l’investissement de paramétrage de la chaîne éditoriale. La question se pose donc de la rentabilisation de chaînes éditoriales dans un contexte hors massification. Puisqu’il n’est pas raisonnable d’exiger l’investissement des acteurs de la production, en dehors d’organisations de taille importante où pour lesquels les contenus sont primordiaux, il faut donc rendre la chaîne éditoriale mobilisable pour un investissement de l’ordre de celui d’un outil artisanal. La différence qualitative assurera alors son usage en lieu et place de tels outils pour la production de contenus multimédias utilitaires.