Les chaînes éditoriales ont largement fait leurs preuves dans des contextes ayant trois caractéristiques particulières : les volumes de contenus sont importants et autorisent des investissements substantiels ; les contenus sont à dominante textuelle ; les publications sont à dominante linéaires (papier, voire objet hypermédia simples).
Les difficultés pour la mise en place de chaîne éditoriales multimédia sont de trois ordres :

- L’écriture non textuelle est peu ou mal maîtrisée des acteurs de la production utilitaire, qui n’ont pas de formation ni n’expérience dans ce domaine. Une telle écriture doit donc être cadrée et guidée, en passant d’une logique d’éditeurs (pour lesquels l’expertise d’écriture repose exclusivement sur l’auteur) à une logique de formulaires ou assistants (pour lesquels l’expertise est partagé entre la structuration méthodologique apportée par l’outil et l’auteur)

- Les technologies de production non textuelles structurée sont moins mûres (il n’existe pas d’éditeur XML pour la vidéo, en dehors justement de Territoires Numériques)

- La publication sur d’objets hypermédias est complexe à paramétrer car les champs du possible sont très ouverts en dehors d’usages et de traditions avérés.

La limite actuelle à l’usage aisé du procédé de chaîne éditoriale pour les acteurs de la production de contenus utilitaires multimédia repose essentiellement sur trois verrous

- Il est difficile de créer des ressources non textuelles structurées avec les outils documentaires du marché. La production de ressources non textuelles structurées exige donc le recours à des outils professionnels complexes. L’investissement dans de telles démarches est généralement démesuré par rapport aux volumes des contenus non textuels à produire. Pour lever ce verrou il convient de mettre à disposition des producteurs des outils qui soient aussi simple à utiliser et aussi structurant que les outils d’édition XML ne le sont pour le texte.

- La création d’un contenu multimédia exige de formaliser un modèle qui sert de guide et de contrainte pour la production et l’organisation des ressources. La création d’outils d’éditions adaptés à ce modèle est généralement un investissement coûteux qui entrave la réalisation, puis l’évolution, de ces outils.

- La publication de contenus multimédia sur de multiples supports implique la réalisation de moteurs de publication, qui sont coûteux à modifier

L’enjeu d’EPICURE est donc de rendre accessible les procédés de chaînes éditoriales, qui ont fait leurs preuves dans des contextes de production et gestion documentaires massives et textuelles, à des contextes hors massification et multimédia. Pour ce faire il est nécessaire de diminuer les investissements requis pour mettre en place, puis faire évoluer de tels procédés.