Épistémologie normative interne des programmes de recherche technologique

Pour Theureau (2009[1], p. 478), un programme de recherche technologique s'appuie d'une part sur plusieurs programmes de recherches empiriques et d'autre part a pour objet la technique dans sa relation organique avec la science (soit la définition de la technologie selon Koyré (1973[2]) et Theureau). Theureau fait ainsi évoluer le schéma de l'épistémologie normative interne afin de prendre en compte ces deux caractéristiques (figure 129).

Figure 129 : programme de recherche technologique général (Theureau, 2009, p. 480)

Le texte en gras met en exergue les principaux changements entre le schéma de la section précédente et cette proposition. Parmi les principales modifications, nous relevons : une modification dans les objets théoriques (1.1') et une modification diffusée sur une majorité des mouvements en lien avec un facteur «  technico-organisationel-culturel  ».

Au sein du mouvement 1.1' Theureau propose d'enrichir les objets théoriques étudiés avec des objets génériques de conception. Il s'agit de formaliser les différents objets théoriques au cœur des programmes de recherche empirique mobilisés ainsi que de faire émerger leur relation avec l'objet technologique au cœur du programme de recherche technologique.

Nous interprétons le facteur technico-organisationnel-culturel de Theureau comme un caractère ayant trait à la technique tout en étant raisonné vis-à-vis de son impact sur les organisations humaines ou plus largement vis-à-vis de ses impacts culturels. La technique n'est pas appréhendée en soi pour améliorer une performance, elle est mobilisée dans un objectif d'assistance aux organisations.

Cette interprétation impacte plusieurs mouvements. Ainsi, le cadre théorique prend en compte : la conception d'objets techniques pour répondre à des problèmes organisationnels ou culturels ; les principes de développement de ces techniques et leurs modalités d'évaluation. Les hypothèses prévoient des anticipations, à la fois sur la technique et donc in fine, sur les développements liés à son usage. L'instance de test met en œuvre les modalités techniques anticipées ; les procédures d'observations sont mises en perspective des usages de l'objet technique. Le mouvement de modélisation intègre la dimension technique aux modèles analytiques et synthétiques et prévoit en outre une contribution technique comme partie intégrante du programme de recherche.