Contributions étudiantes
La forme de relecture a été testée au cours des cycles de validation de trois modules début 2015. Nous présentons les retours d'usage de cette expérimentation en nous appuyant sur les verbatim de l'enseignant ayant réalisé la relecture.
Le point de départ de cette expérimentation était la nécessité d'utiliser le différentiel afin de relire plus efficacement la nouvelle version du module : « le diff est essentiel, sans je ne peux pas faire le job »
. Cependant : « le diff dans l'éditeur [Scenari] ne convient pas, c'est trop compliqué à lire (trop d'info dans l'éditeur, trop chargé graphiquement, trop fragmenté... avec le diff je pense qu'on arrive à la saturation de ce qui est possible pour relire, a fortiori le texte de quelqu'un d'autre) »
. Ce constat nous amène à formuler l'hypothèse selon laquelle le différentiel est plus utilisable dans une forme linéarisée, moins saturée fonctionnellement parlant et donnant une meilleure vue d'ensemble du contenu, par rapport à l'éditeur Scenari.
Cependant, en ne disposant plus de la fonction d'édition du contenu, l'enseignant n'a pas pu corriger les fautes d'orthographes (relecture de forme), ce qu'il a pourtant l'habitude de faire quand il relit dans l'éditeur. Ce point suggère d'ajouter un correcteur orthographique à la forme de relecture, dont les propositions de correction pourraient être intégrées directement aux sources XML par une simple sélection, sans avoir à passer par l'éditeur. Plus largement, on peut s'interroger sur le fait de rendre la forme de relecture complètement éditable, typiquement dans le cas où le relecteur voudrait corriger "lui-même" un mot pour pallier les limites éventuelles du correcteur orthographique. Cependant cette solution nous semble assez discutable : entraînant la possibilité de faire des modifications de contenu allant au-delà de la simple correction orthographique, elle n'est pas sans risque vis-à-vis de la cohérence éditoriale du contenu modifié, qui peut figurer dans un fragment appartenant à plusieurs contextes de rééditorialisation.
Le second axe d'analyse de ces retours d'usage concerne le rôle qu'a joué la linéarisation dans la relecture parallèle du contenu et des commentaires. Pour cela, nous avons besoin d'expliciter deux notions relatives aux commentaires : l'ancrage et la portée. L'ancrage d'un commentaire désigne le niveau de contenu auquel il est techniquement associé (et où le commentaire sera par conséquent affiché), ce niveau pouvant être plus ou moins profond : balise pédagogique, grain, division, module entier... La portée désigne la "quantité de contenu" auquel le commentaire est sémantiquement associé : on dira d'un commentaire qu'il a une portée limitée s'il concerne peu de contenu au niveau où il est ancré (par exemple, un commentaire sur un grain peut ne concerner que son titre), ou étendue dans le cas inverse (le commentaire porte sur tout ou partie du grain).
Dans le cadre de cette expérimentation, nous avons observé que l'enseignant devait souvent relire des commentaires d'ancrage global (peu profond) et de portée étendue. En effet, il était par exemple demandé aux étudiants reviewers de faire des commentaires généraux sur le module (donc ancrés à ce niveau). Pour cette relecture, le mode d'affichage des commentaires "un à un"[1] s'est avéré être une solution « pertinente »
, car elle permet à un commentaire de continuer à apparaître dans la marge tandis que le relecteur poursuit le défilement vertical du contenu (« je check un commentaire général et plus loin dans le texte ce qui a été fait »
). Autrement dit, la désynchronisation du défilement des commentaires (boutons précédant/suivant) par rapport au défilement du contenu linéarisé (par scrolling) a facilité la tâche de l'enseignant.
Pour finir, plusieurs remarques ont été émises quant aux choix ergonomiques du différentiel :
L'affichage des parties ajoutées et modifiées dans le plan devrait être répété au niveau des contenus (par exemple avec des marges de même couleur), afin de mieux faire la correspondance entre ces deux niveaux de différentiel.
Le choix de ne pas afficher les parties supprimées dans le plan et dans le contenu a été remis en cause : en effet, dans le cas où un plan a été lourdement modifié, il est important de pouvoir les visualiser. Deux pistes ont été proposées :
la possibilité d'inverser les versions comparées (ie. les ajouts deviennent des suppressions et vice versa) ;
un affichage optionnel des parties supprimées dans le contenu (bloc replié par défaut).
L'affichage des différences "non-traitées", signalées par des drapeaux rouges, n'a pas été bien compris : une légende explicitant les différents éléments graphiques du différentiel est nécessaire.
Il aurait été utile de pouvoir visualiser explicitement les déplacements de contenu, qui faute d'un affichage dédié, ne se remarquent qu'implicitement à travers l'ajout et la suppression de ce même contenu à différents endroits du document. Cela vaut aussi dans le cas où deux parties ont beaucoup de texte en commun (déplacement suivi de quelques modifications). Ces remarques suggèrent une adaptation de l'algorithme de diff pour détecter ce type de différences.
Pour l'un des modules relus, nous avons noté une remarque intéressante : « Il faut visualiser les versions courte et standard, sinon on ne comprend pas les diffs, dans ce module »
. On observe en effet que les différences entre les deux versions de ce module sont essentiellement dues à l'utilisation des filtres dans la seconde version :


Ainsi, le différentiel paraît ici peu approprié (notons qu'il s'agit, pour les deux versions comparées, de la version standard du contenu) :
Pour ce type de réécriture, une forme de relecture avec tabulation des versions courte et standard semble plus adaptée que le différentiel.
Enfin, un nouveau cas de relecture est apparu fin 2015, portant sur un module rédigé à partir de deux contributions des années précédentes (par exemple, les fiches de lecture "What is a document" et "What is a digital document" ont été fusionnées en "What is a (digital) document"). Faute d'instrumentation pour ce genre de cas, qui requerrait un différentiel "trois voies" (three-way diff), deux relectures ont dû être menées (une par ancienne version). Notre testeur nous a rapporté la solution qu'il a construite pour effectuer cette relecture, avec quelques pistes d'amélioration : « Une idée (simple) pour la triple comparaison, ce que j'ai fait finalement, c'est d'afficher les deux comparaisons en vis à vis. Il pourrait y avoir une option de synchronisation optionnelle des plans. C'est multipliable à N versions au besoin avec un système d'onglets. Là j'ai utilisé deux tabs du navigateurs, comme j'ai un grand écran (ou si j'avais eu un double écran), on peut envisager deux versions dans 1 écran, puis des onglets pour la version 4+. »