Chaînes éditoriales
« Une chaîne éditoriale est un procédé technologique et méthodologique consistant à réaliser un modèle de document, à assister les tâches de création du contenu et à automatiser la mise en forme. »
(Crozat, 2007, p. 2[1]).
Une première notion essentielle de cette définition est celle de modèle de document. Un modèle décrit la structuration du document indépendamment de son contenu. Il sert à la fois à guider l'auteur dans l'écriture du document et à contrôler la validité structurelle de ce dernier. On parle alors de document structuré (André et al., 1989[2]). Un document XML est un document structuré dont le modèle est spécifié par un schéma suivant le formalisme DTD (W3C), XML Schema (W3C) ou encore RelaxNG (OASIS).
La seconde notion est celle d'automatisation de la mise en forme. Dans une chaîne éditoriale, la mise en forme est effectuée par un algorithme, par exemple un ensemble de templates XSL (W3C), transformant le document XML dans un autre format dédié à la publication (HTML, PDF, etc.). Cette transformation se base sur des règles formalisées à partir de la connaissance du schéma.
En étant séparé de sa forme finale, un document peut légitimement prétendre à la publication multi-supports (Bachimont et Crozat, 2004[3]). Pour cela, le modèle de document doit décrire uniquement la structuration logique du contenu, c'est-à-dire une structure faisant abstraction des différentes mises en forme possibles. Les éditeurs spécialisés dans la séparation fond/forme sont appelés éditeurs WYSIWYM (What you see is what you mean) (Power et al., 1998[4] ; Van Deemter et Power, 2000[5]), par opposition aux éditeurs WYSIWYG (What you see is what you get) traditionnellement utilisés dans les logiciels bureautiques (logique mono-support).
Une troisième notion sur laquelle insiste Crozat est celle de réutilisation, qui consiste à « référencer un fragment de contenu depuis plusieurs constructions documentaires »
(Crozat, 2007, p. 50[1]).
Approche industrielle
L'ingénierie industrielle est définie par Bachimont (2007[6]) comme la standardisation de la production en vue de sa répétabilité. Elle se distingue de l'ingénierie artisanale, basée sur la production d'"œuvres uniques" à partir de techniques improvisées ou réinventées (ibid.[6]).
Dans (Bachimont et al., 2002[7]), les auteurs abordent le problème de la massification de la production documentaire que rencontrent les organisations. Par exemple, un organisme de formation doit gérer la production des différentes supports pédagogiques (transparents de présentiel, livret apprenant aux formats web et papier...) pour chacune de ses offres.
Face à des outils auteur artisanaux (par exemple Dreamwaver pour l'édition WYSIWYG de pages web), « l'auteur doit simultanément concevoir son ingénierie pédagogique, formaliser ses savoirs, réaliser des choix ergonomiques et se préoccuper de l'esthétique de ses productions »
(ibid.[7]). Au contraire, les chaînes éditoriales s'inscrivent dans une approche industrielle. En effet, la production documentaire peut être homogénéisée sur l'ensemble des documents à produire, tant du point de vue de la structure que de la mise en forme (supports, charte graphique...). Déchargés des tâches de mise en forme, les auteurs peuvent se focaliser sur le contenu. Enfin, la réutilisabilité des contenus permet de mutualiser les mises à jour de plusieurs documents.
Ainsi, une chaîne éditoriale « permet de réduire les coûts de production et de maintenance des contenus, et de mieux contrôler leur qualité »
(Crozat, 2007, p. 2[1]).