Bilan de notre recherche

Dans le cadre épistémologique où nous nous situons, l'évaluation des propositions théoriques se fait en deux temps : le premier est celui de l'expérience de laboratoire, lors de laquelle des prototypes sont testés pour un usage réel certes, mais prenant place dans un contexte dit "protégé" ; le second est celui de l'évaluation par les usages en contexte dit "non-protégé" (ou contexte industriel), et nécessite un outillage technologique avancé (au-delà de simples prototypes) afin de mobiliser ces formes documentaires dans les usages "quotidiens" d'une organisation. La validation effective des propositions théoriques ne peut intervenir qu'à travers l'évaluation par les usages. En effet d'après Arribe, c'est en étant mobilisées dans ces contextes non-protégés que les formes documentaires sont réfutables, ce qui d'après Popper est la condition de validité d'une hypothèse scientifique. Une forme documentaire "réfutée" est à comprendre comme inadaptée au contexte d'usage, ce qui permet de remettre en cause les propositions théoriques qui en sont à l'origine : il s'agit de la "relance" de la science par l'ingénierie et les usages tel qu'envisagée dans la recherche technologique selon Theureau.

Sur l'ensemble de nos propositions théoriques, nous n'avons pu expérimenter que la linéarisation des documents "multi-pages" (relecture de contributions étudiantes) et celle des questionnaires interactifs (qualification de la banque de questions de Faq2Sciences). Les expérimentations que nous avons menées ont eu lieu en contexte protégé, en lien avec des membres de notre équipe de recherche. Nous ne pouvons donc pas entreprendre d'évaluation par les usages de nos propositions à ce stade.

Cependant, des perspectives d'évaluation sont ouvertes en contexte industriel (clients de Kelis), où des formes de relecture ont été modélisées en reprenant des principes similaires aux propositions que nous avons expérimentées dans nos travaux, notamment à l'AFPA, où les relecteurs disposent d'une forme mono-page, et à l'IFCAM, où la prévisualisation utilisée par les experts métiers a évolué notamment en affichant directement les résultats des exercices du module, sans interactivité. Ces deux contextes posent des questions intéressantes pour la suite de nos travaux. À l'AFPA, des filtres "stagiaire" et "formateur" sont utilisés pour décliner les documents de formation. La forme de relecture affiche l'exhaustivité des contenus (sans tenir compte des filtres) dans une seule et même linéarité. Une étude sur les usages de cette forme nous permettrait de voir si cette solution est satisfaisante ou bien si elle peut être améliorée grâce à la tabulation, typiquement lorsqu'un contenu "stagiaire" s'oppose à un contenu "formateur". Par ailleurs le cas de l'IFCAM est intéressant à analyser : si les exercices sont affichés sous forme linéaire, ils restent toutefois accessibles dans leur forme interactive via un lien "Tester l'exercice..." (l'exercice s'ouvre alors en sur-fenêtre). La validation de l'interactivité des exercices n'est-elle pas également un enjeu de la relecture ? Est-ce là le signe qu'une forme de relecture ne devrait pas chercher à rompre totalement avec la forme finale qu'elle est censé valider ?