Notion de cohérence
Définition
Le terme cohérence est défini dans le Trésor de la Langue Française informatisé (TLFI) comme suit : « harmonie, rapport logique, absence de contradiction dans l'enchaînement des parties de ce tout »
. Rapporté à notre objet, la cohérence désigne le bon enchaînement et l'absence de contradictions dans le contenu d'un document. On parlera de cohérence éditoriale.
Production documentaire et contrôle de la cohérence
En simulant un ordre documentaire classique c'est-à-dire en approchant le rendu d'un document à l'écran tel qu'il pourrait être une fois imprimé sur papier, les suites bureautiques n'ont que peu d'impact sur le contrôle de la cohérence éditoriale.
La rééditorialisation documentaire s'appuie sur le découpage d'un document en fragments. En isolant un fragment du contexte dans lequel son contenu est publié, les chaînes éditoriales ont un impact négatif sur le contrôle de la cohérence.
Par exemple, un fragment peut contenir des références à des contenus qui le précédent ou le suivent. L'évolution du contexte dans lequel ce fragment est publié peut réordonnancer l'enchaînement des parties et casser la cohérence du document.
Cet impact est en partie résorbé par les modèles documentaires. En définissant des classes de fragments à instancier et les possibles associations entre classes, le modèle permet d'assister les rédacteurs dans le maintien de la cohérence éditoriale.
Par exemple, le modèle de document peut définir des classes de fragments ayant une relative autonomie quant à la cohérence éditoriale. Le réordonnancement des fragments ne pourra donc pas introduire d'incohérences dans le document. Ainsi, le modèle Quick définit trois catégories de classes de fragments (scénarisations, fiches, ressources). Les fiches constituent des entités relativement autonomes qui n'ont pas besoin de s'appuyer sur les fragments précédents ou suivants pour assurer la cohérence du document. Les fragments de scénarisation peuvent donc ordonnancer indifféremment les fiches sans que cela ne produise d'incohérence éditoriale.
Cohérence du graphe
Par extension, nous parlerons dans ce mémoire de cohérence du graphe. Nous considérons qu'un graphe est cohérent si l'ensemble des documents pour lequel il est constitué sont eux-mêmes cohérents. Le principe de la rééditorialisation, soit le fait de mobiliser un fragment existant pour la publication de nouveaux documents, est à l'origine de nouvelles difficultés dans le contrôle de la cohérence du graphe.
Par exemple, prenons le graphe documentaire utilisé pour la publication du site service-public.fr. Imaginons qu'un même exemple (comme, une famille type constituée d'un couple marié ayant trois enfants) soit mobilisé dans deux contextes différents (comme pour le calcul des allocations familiales et celui de la prime à la naissance). Les trois fragments obtenus sont illustrés sur la figure 33.
Imaginons que, dans un objectif de réduction du déficit budgétaire, le projet de loi de finance 2015 intègre des conditions de ressources dans l'accès aux allocations familiales. Les rédacteurs de la DILA ont pour mission de maintenir le site service-public.fr soit dans le cas présent, de mettre à jour les fragments concernés après l'adoption et la promulgation de la loi. Ainsi, le fragment X1 doit être modifié pour contenir les nouvelles réglementions et le fragment X3 doit être mis à jour pour ajuster les ressources de la famille prise en exemple (sur la figure 34, les fragments modifiés sont représentés en vert).
En ajustant les ressources de la famille type prise en exemple, la modification peut rendre invalide la mobilisation de X3 par X2 car les seuils de ressources de la prime à la naissance ne sont (très probablement) pas identiques à ceux des allocations familiales. L'incohérence éditoriale n'aura pas été apportée par une erreur dans le raisonnement du rédacteur, mais par une erreur de manipulation du graphe documentaire en rédigeant une modification d'un fragment contrôlée selon un seul de ses différents contextes de publication. Au cours d'un mois de maintenance, les rédacteurs de la DILA peuvent effectuer plusieurs centaines d'opérations de maintenance du graphe qui sont autant de sources d'incohérences éditoriales possibles.