Complexité du graphe documentaire

Notion de complexité

Le sens exact du terme complexité varie en fonction des disciplines dans lesquelles il est utilisé. Plutôt que la définition de la complexité algorithmique classiquement utilisée en informatique (soit le classement d'un problème selon la fonction permettant d'estimer le temps de traitement ou l'espace maximal utilisé par l'algorithme qui le résout, exprimé O(n), O(log(n)), O(n²), etc.), nous nous référons dans ce mémoire à la caractérisation plus générique des systèmes complexes.

Un système est considéré de plus en plus complexe lorsqu'il contient de plus en plus de composantes qui réagissent indépendamment les unes des autres tout un conservant un impact sur le comportement global du système.

Complexité du graphe documentaire

Le graphe documentaire est un ensemble de fragments liés les uns avec les autres. Les fragments entretiennent entre eux des relations d’interdépendance selon les fonctions de rééditorialisation qui les lient, soit selon les arcs du graphe.

Le terme interdépendance implique que la modification d'un fragment peut avoir un impact sur les fragments voisins. Par exemple, en modifiant le fragment d'introduction d'un document, il peut être nécessaire de modifier le fragment de conclusion du même document. Cette conclusion peut elle même être la source d'une dérivation qu'il conviendra également de mettre à jour.

La modification d'un fragment peut ainsi avoir un impact sur n autres fragments qui lui sont directement liés. Chaque fragment modifié peut à nouveau entraîner n autres opérations de maintenance et ainsi de suite. Les rédacteurs se retrouvent ainsi confrontés à un graphe où chaque modification peut entraîner plusieurs dizaines de contrôles et d'opérations de maintenance en suivant les liens du graphe.

Facteurs de complexité

Deux facteurs sont sources de complexité au sein du graphe documentaire :

  • le nombre de fragments ;

  • la densité du graphe.

Un graphe très volumineux et peu dense est peu complexe car la modification d'un fragment aura peu de répercussions sur le graphe. Au même titre, un graphe dense mais peu volumineux est peu complexe car le nombre global de fragments à maintenir facilite les contrôles.

Perception du graphe

Si ce n'est dans des visualisations comme celles proposées dans le chapitre précédent, le graphe documentaire n'est jamais manipulé ou visualisé dans sa globalité. Il est systématiquement réduit à un sous-graphe sélectionné selon un critère donné. Nous distinguons trois critères pour la réduction du graphe à un sous-ensemble de fragments plus intelligible.

  • Selon un critère éditorial : cela revient à isoler l'ensemble des fragments mobilisés pour la production d'un document. C'est ce que nous avons appelé en chapitre 2 les sous-graphes documents. Il est à noter qu'un même fragment peut faire partie de nombreux sous-graphes documents au sein d'un même graphe.

  • Selon un critère de gestion : cela revient à isoler l'ensemble des fragments rangés par le rédacteur au sein d'un même espace de l'arbre de gestion.

  • Selon un critère généalogique : cela revient, à partir d'un fragment, à isoler l'ensemble des fragments dont il dérive ou qui en sont des dérivés, directement ou indirectement.

En définitive, non seulement le graphe documentaire est un objet complexe où la modification d'un fragment peut entraîner plusieurs dizaines d'opérations de maintenance mais ces opérations peuvent intervenir sur des fragments masqués dans la vue partielle du graphe exploitée par un rédacteur.