Structurer les projets de rééditorialisation

La structuration des projets de rééditorialisation se mène en deux temps.

  1. En premier lieu, il convient de structurer le graphe afin de répondre aux enjeux éditoriaux du contexte de production documentaire. Cela revient à concevoir une structure proposant un atelier par projet éditorial.

  2. Ensuite, cette structure est complétée par les ateliers nécessaires à la prise en compte des projets de rééditorialisation auctoriaux. Cela revient à mettre en place des ateliers seconds permettant la distribution de production documentaire et la protection des projets éditoriaux qui le nécessitent.

Analyse et structuration éditoriale

L'analyse éditoriale détermine la liste des projets éditoriaux. Son enjeu est de recenser les documents et catégories de documents qui seront produits par une chaîne éditoriale et les liens de rééditorialisation que ces documents tissent entre eux. Par exemple, il est utile de déterminer quelle catégorie de documents exploite les fragments produits par une autre ou quelle catégorie de documents dérive d'une autre. À partir de cette analyse, la méthodologie de structuration des ateliers s'effectue en quatre étapes ordonnées.

  1. La première étape consiste à identifier les projets éditoriaux principaux et à mettre en place un atelier pour chacun d'entre eux. Un projet éditorial est considéré comme principal lorsque la documentation qu'il produit n'est pas intégralement dérivée d'un autre projet. Au contraire, ses fragments peuvent être mobilisés pour être dérivés dans d'autres projets éditoriaux. Lors de l'initialisation, ces ateliers sont indépendants les uns des autres (aucune fonction de calque ou de proxy ne les lie).

    Si les projets éditoriaux principaux entretiennent des liens de rééditorialisation (c'est-à-dire, si une partie des fragments sont partagés ou dérivés depuis un projet éditorial vers un autre), il convient alors de mettre en place les fragments proxys nécessaires à ces rééditorialisations.

  2. La seconde étape consiste à outiller les projets éditoriaux qui rééditorialisent l'intégralité des fragments d'un des projets principaux. Nous proposons d'appeler ces projets des projets éditoriaux dérivés. Ces projets sont outillés par des ateliers calques divergents. Nous considérons un atelier calque nécessaire si et seulement si l'ensemble des contenus et l'organisation de la gestion des fragments doivent être partagés entre deux projets éditoriaux. Le cas échéant, il est plus judicieux de partager une portion des fragments à l'aide de proxys comme expliqué dans l'étape 3.

  3. La troisième étape de la structure éditoriale consiste à outiller les projets éditoriaux satellites : les projets non centraux dans l'organisation de la documentation mais qui nécessitent malgré tout la rééditorialisation d'une partie du graphe. Ces projets sont outillés dans des ateliers initialement isolés de la structure existante avant d'être liés à d'autres ateliers par l’intermédiaire de fragments proxys.

  4. La quatrième et dernière étape consiste à outiller les projets éditoriaux composés principalement de l'agrégation d'autres projets : logiquement appelés des projets éditoriaux d'agrégation. Lorsque l'agrégation nécessite la dérivation de certains fragments ou la rédaction de nouveaux fragments originaux (comme par exemple une introduction ou une mise en contexte), il convient de l'outiller par un atelier dédié exploitant des fragments proxy. Lorsque le projet éditorial se compose exclusivement de l'agrégation de documents produits par la chaîne éditoriale, des stratégies externes peuvent être mises en place (comme un outil d'agrégation de documents PDF ou une plate-forme web d'agrégation et d'exposition de documents). Ces solutions sortent alors du spectre des chaînes éditoriales (et n'apparaîtront donc pas dans la suite de ce mémoire).

Analyse et structure auctoriale

L'analyse auctoriale détermine la liste des contraintes liées à l'édition du graphe. Ces contraintes sont de deux ordres. Elles peuvent être liées à la protection du graphe (protection d'une portion du graphe contre des modifications en cours de rédaction ou protection des modifications en cours de rédaction contre un usage dans le reste du graphe). Elles peuvent également être liées aux dynamiques d'organisation dans la rédaction. Notre proposition consiste à mettre en place des modèles d'activités au plus proche des usages de chaque équipe de rédacteurs. Il convient donc d'isoler un atelier par rédacteur ou équipe de rédacteurs organisant sa production de façon particulière.

Suite à cette analyse, la structuration des ateliers se mène en deux temps.

  1. Il convient d'abord de mettre en place les projets auctoriaux de protection, soit les ateliers calques de travail ou les ateliers seconds liés par des fragments proxys.

  2. Les projets auctoriaux d'équipe, soit les projets dédiés à isoler le contexte de production d'une équipe afin de disposer d'un modèle d'activité dédié. Ces projets peuvent également être outillés par des ateliers calques de travail ou des ateliers seconds liés par des fragments proxys.

Notion de projet

La notion de projet (éditorial, auctorial ou de rééditorialisation) est structurante dans notre approche d'organisation du graphe. Elle est mobilisée dans le chapitre 9 afin de définir une typologie des projets de rééditorialisation. Elle est à nouveau utilisée au sein d'une approche fonctionnelle dans cette section, afin de proposer une méthodologie de structuration du graphe.

Le tableau suivant montre le croisement des deux approches : une case verte y signifie que la catégorie technique de projet de rééditorialisation peut être utilisée pour accompagner le projet éditorial ou auctorial correspondant.

Approche fonctionnelle

Projet éditorial

Projet auctorial

Projet principal

Projet dérivé

Projet éditorial

satellite

Projet d'agrégation

Projet

de protection

Projet d'équipe

Approche technique

Types de projets de rééditorialisation

Projet convergent partiel

exemple : fragment proxy de partage

Projet convergent total

exemple : atelier calque de travail

Projet divergent partiel

exemple : fragment proxy de dérivation

Projet divergent total

exemple : atelier calque de dérivation